Entre hommes !!

L'inconnu n'avait de cesse de jurer de manière rustaude, faisant les cent pas dans la pièce. Excité, il l'était, au vu de ses poignes à l'allure de bûcheron qui s'ouvraient et se fermaient sans cesse, tantôt se frottant le menton, tantôt déplaçant et replaçant un objet. Ses grognements ne s'étaient pas plus apaisés lorsqu'il s'était vu mettre hors du salon en compagnie des autres hommes, ruminant à qui mieux mieux. Au moins, la femme médecin pourrait ausculter en paix.

Finalement, il s'arrêta devant une fenêtre, observant vaguement le paysage, les mains derrière le dos, sourcils froncés au possible, exprimant de la colère, ou de l'inquiétude, à son façon, allez savoir. Se retournant, il avisa l'homme à la toux inextinguible, constatant qu'à l'instar de la Dame, il était encore ruisselant; un coup à attraper la mort. En temps normal, le bonhomme lui aurait suggéré une rasade de gnôle, pour passer sa méchante toux; mais il ne semblait pas encore d'humeur à s'extirper de ses grognements passifs et impuissants. Quelques secondes, il se laissa aller à deviner le schéma des événements. Il n'était donc pas question d'attentat, au vu de l'allure des gardes, relativement calmes.

Recommençant une ronde indéfinie, il eut l'occasion, entre chaque coup d'œil intempestif sur la porte, d'observer les deux gardes. L'un d'eux s'était présenté plus tôt, mais déjà son nom lui échappait, occupé qu'il avait été à ronger son frein. Il ignorait qui était l'autre garde, qui s'était avéré très protecteur envers Zoyas, mais sa trombine lui disait vaguement quelque chose. Ou pas, à la réflexion. Toujours est-il que malgré son accès de colère contenue, l'Embrunais trouvait heureux que Zoyas soit flanquée d'un garde pareil. Stoppant sa marche, les yeux rivés à nouveau sur la porte, il éleva à nouveau sa voix, rauque d'avoir maugréé plusieurs minutes durant.

-Dam! 'pensez qu'ça va durer encore longtemps c't'affaire?

L'homme salua le nouvel arrivant d'un signe de tête. Finalement, il s'apaisa, l'air soucieux, avant de répondre au bonhomme:

-J'suis Felryn, un gars d'Embrun. Un n'veu d'la dame. J'voudrais pas qu'Aristote se penche sur elle de trop près.

Il se frotta à nouveau le menton, un moment, avant de regarder tour à tour gardes, inconnu, serviteur:

-Qu'est-ce donc qui s'est passé, exactement?

Cérius était tout à sa rêverie,regardant par la grande fenêtre tout en réfléchissant à ces quelques mois qui venaient de s'écouler.C'était pour lui aujourd'hui un jour important.Si il arrivait à ce faire apprécier de la châtelaine et du chef de la garde,de nouveaux horizons s'ouvriraient à lui mais encore faudra t'il pour cela qui sache saisir la perche qui lui sera tendue.

Il en était encore à se demander quelle était la meilleure façon à adopter pour se présenter quand il entendit la voix de Lucien le majordome prononcer son nom.

Citation :

Capitaine, voici Cérius, ancien Chef de Lance de L'Ost, venu postuler pour un poste de garde d'escorte...

Aussitôt,Cerius se décolla du mur contre lequel il était adossé,rectifia sa tenue puis fit quelques pas en direction du Capitaine de la garde.Ce dernier semblait taillé dans le roc tant sa stature était impressionnante.Deux grandes rides barraient son front preuve si il en était de l'angoisse qui le submergeait tandis que sa maitresse se faisait soigner dans la pièce voisine.Ses grands yeux se posèrent sur Cerius.

Se dernier salua respectueusement le Capitaine puis prit la parole.

"Mes respects mon Capitaine.....Mon nom est Cerius et si je suis devant vous aujourd'hui c'est en tant que postulant à un poste de garde auprès de la propriétaire de ces lieux.

Je sais que malheureusement un drame se noue actuellement à l'intérieur de ses murs et si vous le préférez je me présenterai de nouveau à vous dans quelques jours le temps que les choses aillent mieux et que la sérénité soit revenue".

Sur ces quelques paroles,Cerius attendit que le Capitaine veuille bien lui donner la marche à suivre.

Geoffroy regardait du coin de l'oeil l'homme qui semblait se calmer peu à peu.. il en était rassuré, au moins il n'allait pas y avoir plus dem al que ce qui touchait la Dame de Marcieu dans l'autre pièce.. Il suivait ça de loin, observant Pask s'en occuper avec un certain sourire aux lèvres. Il fut sorti de ses rêvasseries quand le vieil homme lui présenta un homme qui se trouvait à ses cotés.. Il ne l'avait pas même remarqué tout à l'heure et pourtant il était bien là.. Il le salua, adressant un sourire au vieil homme qui semblait un peu essoufflé puis se tourna vers le dit Cérius qui se présentait. Il le regarda de bas en haut, regardant son allure et sa carrure, il ferait probablement un bon garde au final..

Bonjour et bienvenu Sire Cerius... Vous semblez avoir la motivation pour faire parti de la garde.. toutefois j'aimerais en savoir plus, qu'est ce qui vous pousse à faire parti de la garde de la Dame de Marcieu ?

Il le regarda puis lui sourit pour le mettre à l'aise. Ils n'étaient pas là pour faire du protocolaire mais bien pour s'assurer que tous étaient là pour la Dame de Marcieu et non pour autre chose... De toute façon le Capitaine était le seul au courant de l'endroit où elle cachait tous ses écus dans le domaine..

Vous ne croyez pas si bien dire... Quand la Dame de Marcieu ira mieux, je vous demanderais de m'accompagner jusqu'à mon bureau, je vous présenterai Paskweten, le grand gaillard là bas qui sera votre chef directe. Il s'occupe de la garde rapprochée de la Dame de Marcieu. Je vous expliquerai le fonctionnement de cette garde et serai disponible pour toute question..

Il réitéra son sourire puis chercha à entendre ce qu'il se passait à coté.

Quand le Capitaine prit la parole en s'adressant à Cerius,se dernier sut tout de suite que leur rapports seraient excellents.L'officier avait dans l'œil cet éclat de franchise qui ne trompait pas.
Cerius se redressa un peu plus soucieux de montrer de lui une image positive.Une bonne ambiance un travail valorisant voila qui avait tout pour plaire à l'ancien soldat et nul doute qu'il ne retrouverait plus un tel poste avant longtemps si y laissait passer sa chance.

Citation :

Bonjour et bienvenu Sire Cerius... Vous semblez avoir la motivation pour faire parti de la garde.. toutefois j'aimerais en savoir plus, qu'est ce qui vous pousse à faire parti de la garde de la Dame de Marcieu ?

Cerius répondit en choisissant avec soin ses mots sachant qu'il jouait là son avenir.Le sourire que lui lança le Capitaine l'aida à se décontracter.

"Hé bien Capitaine,pour ne rien vous cacher,j'ai servi longtemps l'Ost dans la garnison de Valence.J'ai fait d'innombrables patrouilles,combattus en Bretagne et monté les échelons petit à petit pour arriver "chef de lances".

Mais au bout de quelques temps la lassitude s'installa et je décidais de quitter l'armée pour voyager un peu et goutter à d'autres horizons.Au bout de plusieurs mois à trainer,l'inaction commença à me peser.Je ne suis pas fait pour travailler la terre ou pour quelconque métier manuel.....Mon avenir est dans le maniement des armes,la protection de mes semblables et pour cela je serai prêt à mourir pour défendre la personne qui voudra bien me faire confiance.

Voila pourquoi si vous l'acceptez je serai fier de me mettre mon épée au service de le dame de Marcieu et de lui être fidèle en toutes circonstances".

Geoffroy regardait attentivement l'attitude de l'homme en face de lui qui lui répondait quant à ses motivations de devenir un membre à part entière de la garde de la Dame de Marcieu. Il esquissa un sourire puis prit le temps de bien tout entendre et assimiler avant de lui répondre d'un hochement de tête.

Et bien, beau parcours que voilà... Un vétéran de Vae Victis.. J'en ai cotoyé quelques uns depuis mon entrée à l'Ost également. Vous m'avez parlé de voyage, je suppose que vous avez suffisamment voyagé maintenant pour ne pas quitter votre poste de Garde de la Dame de Marcieu n'est ce pas ?

Il lui sourit d'un air entendu puis reprit.

Bienvenu parmis nous en tout cas Cerius. Appelez moi Geoffroy, nous ne sommes pas là pour faire ce genre de courbettes... l'ost ce n'est pas ici. Néanmoins, j'estime que le respect mutuel est un devoir ici, entre Gardes, qu'importe leur grade. Je ne tolèrerai aucun écart à cette règle. Si d'aventures vous aviez un différent avec un ordre, un garde, ou quiconque dans le Domaine, je veux être le premier à le savoir, et nous agirons en conséquence.

Il le regarda un long moment puis lui tendit la main.

Qu'en dites vous ? Ces conditions vous satisfont elles ? Si c'est bien le cas, vous êtes engagé, et je vous demanderai plus tard dans mon bureau pour que vous me parliez de vos compétences en matière de combat, armé ou non.

Il lui sourit puis s'adossa au mur non loin de la porte.

Bien... Nous n'avons plus qu'à attendre un signe d'une de ces Dames à l'intérieur pour savoir si la Dame de Marcieu va mieux.

Neige sortit du petit salon sans se faire prier. Elle avait ouvert la porte d'un mouvement brusque et tous les regards se portèrent sur elle... elle regarda alentour, ne vit pas de suite Joanis mais se souvint de la demande de la Dame:

"Euh... voilà... la Dame de Marcieu va mieux, elle demande à voir le Capitaine, s'il-vous-plaît!...", réussit-elle à articuler. Elle laissa la porte ouverte, se poussa pour laisser le passage libre et se remit à chercher son ami du regard.